Les principales coalitions djihadistes présentes au Mali, affiliées pour l’une à Al-Qaïda, l’autre au groupe “Etat islamique” (EI), côtoient, en particulier dans le centre du pays, des “groupes d’autodéfense” responsables de violences intercommunautaires meurtrières.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans
Réunissant plusieurs formations djihadistes liées à Al-Qaïda
au Maghreb islamique (Aqmi), le GSIM a été officiellement créé en mars 2017,
sous la direction du Touareg malien Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine.
Cette alliance, qui depuis sa création a revendiqué les principaux attentats
dans le Sahel, a été placée en septembre 2018 sur la liste noire américaine des
“organisations terroristes”, où figuraient déjà la plupart de ses composantes.
Outre Ansar Dine, l’un des groupes qui avaient pris en 2012 le contrôle du nord
du Mali jusqu’au lancement en janvier 2013 d’une opération internationale pour
les en chasser, elle comprend “l’émirat du Sahara” d’Aqmi, le groupe de
l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, déjà rallié précédemment à Al-Qaïda, et la
“katiba du Macina” du prédicateur radical peul Amadou Koufa, active dans le
centre.
“Groupes d’autodéfense” peuls et dogons
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe
de Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement
éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les
ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont
créé leurs “groupes d’autodéfense”.
Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le
massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls
dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso. En
juin, quelque 35 dogons ont été tués à Sobane Da et une quarantaine dans les
villages de Gangafani et Yoro, pour ne citer que les attaques les plus
meurtrières.
L’association de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou, officiellement dissoute
au lendemain du massacre d’Ogossagou, est l’une des mieux organisées.
De nouveaux accords “de cessation des hostilités” ont été signés en août par
des groupes armés peuls et dogons du centre du pays, en marge d’une visite du
Premier ministre Boubou Cissé. Des accords de paix antérieurs étaient toutefois
restés lettre morte.
État islamique au Grand Sahara
Dirigé par Adnan Abou Walid Sahraoui, le groupe qui se fait
appeler “Etat islamique dans le Grand Sahara” (EIGS) est actif essentiellement
dans la région de Ménaka, dans le nord-est du Mali, et de l’autre côté de la
frontière avec le Niger.
Né au Sahara occidental, ancien responsable du Mouvement pour l’unicité et le
jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un autre des groupes qui avaient pris le
contrôle du nord du Mali en 2012, il a fait dissidence en mai 2015 du groupe de
Belmokhtar pour prêter allégeance à l’EI.
Il a notamment revendiqué l’attaque de Tongo Tongo, en octobre 2017 au Niger,
près de la frontière malienne, qui avait coûté la vie à quatre soldats
américains et quatre militaires nigériens.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, a rejeté le 15
juillet tout dialogue avec les djihadistes. “Ce n’est pas la position du
gouvernement”, a dit à l’AFP M. Dramé, interrogé sur un rapport du groupe de
réflexion International Crisis Group (ICG) préconisant de parler aux djihadistes,
notamment aux chefs de la “katiba du Macina”.
Le Burkina Faso et le Niger, limitrophes du centre du Mali, connaissent
également des phénomènes similaires, où s’enchevêtrent attaques djihadistes,
opérations militaires et violences intercommunautaires.
AFP