L’ex-secrétaire général adjoint de l’ONU, Ahmedou Ould Abdallah, donne ses réflexions sur une sortie de crise au Mali suite au coup d’Etat du 18 août dernier.
Dans le cas de la présente crise du Mali, la réaction de la communauté régionale et internationale a été malheureusement comme par le passé, automatique. Tenant peu compte du contexte spécifique que vit ce pays depuis 2012.
Plus précisément, que pensent les militaires et les civils maliens du silence de la communauté internationale sur la prolongation douloureuse de la guerre civile et anti-terroriste et des déficits du pays en matière de bonne gouvernance ?
Maintenant, face à ce nouveau contexte, la priorité devrait être de vaincre les défis auxquels le Mali est exposé : l’unité du pays, le renforcement de son armée, la qualité des relations avec ses partenaires extérieurs, bilatéraux et multilatéraux. Un soutien moral semble-t-il apprécié par les maliens a été les déclarations de l’ancien ambassadeur de l’Allemagne dans le pays dénonçant en particulier la corruption. Des maliens l’ont apprécié comme un signe de sensibilité et de sympathie à leur endroit.
Alors aujourd’hui, comment répondre au changement politique qui vient de s’opérer ? Il faut rappeler que l’armée est au front depuis 2012 avec des grandes difficultés en tout genre du fait en particulier d’une guerre asymétrique qui use le physique et le moral de soldats. Dans ce contexte, l’armée malienne, ses alliés : MINUSMA, Barkhane et d’autres ont besoin d’un large consensus politique afin de continuer à apporter des réponses militaires décisives.
Dans ce contexte, on peut comprendre la position de principe des Etats membres de la CEDEAO, attachés aux règles de l’organisation régionale en matière de changement de pouvoir. Il faut aussi penser à des exceptions. En effet, imposer des sanctions sur un Etat fragilisé depuis 2012, ne peut être un bon investissement politique en faveur de la stabilité et de la paix de ce pays et du G5 Sahel dont il est membre. C’est aux responsables de la CEDEAO et aux maliens de trouver une solution consensuelle dans l’intérêt des populations du Mali et de la région. Il me semble que c’est cette voie qu’il faut privilégier à travers un consensus qui semble se dessiner. Sans nécessairement encourager le coup d’Etats dans la région, les nouvelles autorités peuvent être aidées par un certain nombre de mesures : consolidation de l’unité des forces armés, accompagnement de nouvelles autorités pour une vaste consultation avec les différentes forces vives de la nation et réussir une transition apaisée afin d’aboutir à un nouveau régime politique légale.
Les autres pays de la région qui feront face à des élections dans les moins à venir et d’autres membres de la CEDEAO ne peuvent que bénéficier du règlement rapide et apaisé de la présente crise institutionnelle du Mali.
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Ahmedou Ould Abdallah est ancien ministre des affaires étrangères de la Mauritanie et ancien secrétaire général adjoint des Nations unies.