Mali : photo de Bakary Togola en prison, la justice ratisse large dans l’instruction du dossier

Après le procureur du pôle économique et financier près le tribunal de Grande instance de la commune III du district de Bamako, Mamoudou Kassogué, a recadré le débat en rappelant qu’il s’agit bel et bien d’un dossier de justice avec des faits reprochés à Bakary Togola qui ne peuvent être démontés que par des preuves, la justice suit son cours et le juge d’instruction, entré en action après le procureur, est en train d’interpeller tous ceux qui ont eu à jouer un quelconque rôle dans ce conglomérat de vampires suceurs du sang et de la sueur des paysans depuis plusieurs années, par un système de pillage de ponction de ressources financières des cotonculteurs, à hauteur d’une dizaine de milliards de nos francs.

Tous ceux qui s’agitent, certainement par devoir de reconnaissance envers la main de Bakary Togola, devenue finalement un distributeur automatique de billets, n’ont rien apporté de convaincant pour plaider l’innocence de celui qui se plaisait à se faire appeler l’un des plus grands agriculteurs de l’Afrique de l’ouest. En effet, après que le Procureur du Pôle économique et financier a clarifié les mobiles de l’interpellation suivie de l’incarcération du président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (Apcam), Bakary Togola, la seule bataille qu’il faille mener désormais pour l’extraire de sa cellule de la maison d’arrêt de Bamakocoura ne peut être que judiciaire.

En d’autres termes, face à de si grosses accusations de détournement de plus de 9 milliards de Fcfa sur les 14 milliards de ristournes versés par la Cmdt aux producteurs de coton, il ne reste à Bakary Togola que de se défendre par des preuves de son innocence tant clamée.

Le Procureur l’a si bien dit : le parquet est bien documenté au sujet de cette affaire, notamment avec un dossier bien ficelé fourni par un dénonciateur anonyme et ouvrant des pistes de vérification des faits qui ont conduit à l’embastillement de celui qui, hier chantre du président ATT. Le Procureur Kassogué a été très clair et précis : « A l’issue des investigations, nous avons pu observer que les sources du dénonciateur sont une base de réalité. En ce sens que les investigations menées nous ont permis de comprendre que de 2013 à 2019, la Cmdt a mis à la disposition de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton du Mali 13 431 431 037 Fcfa. Sur ce montant, seuls 8 854 760 823 Fcfa ressortent de la comptabilité de la Confédération. Il y a un montant de 4 576 676 214 Fcfa qui n’a pas été comptabilisé. Et sur les 8 854 760 823 Fcfa qui ont été comptabilisés, seuls 3 969 284 966 Fcfa ont pu être justifiés. Il va s’en dire qu’un montant de 4 885 475 857 Fcfa n’a pas été justifié. Ce qui fait un total non justifié de 9 462 152 071 Fcfa, écart découvert à la date d’aujourd’hui (ndlr: le samedi 14 septembre 2019). À ce stade des enquêtes, c’est ce montant qui se trouve être non justifié. C’est ainsi que nous avons ordonné, le jeudi 12 septembre 2019 dans la journée, qu’une mesure de garde à vue soit prise contre Bakary Togola, président du Conseil l’administration de la Confédération et présumé auteur principal de ces malversations dénoncées. La mesure de garde à vue a été prise. » Voilà qui est clair comme de l’eau de roche !

Et ceux qui crient au scandale à cause de l’incarcération de Bakary Togola, en parlant de cette affaire comme si l’intéressé était au-dessus de la loi, doivent à présent se résoudre à la boucler, par respect pour notre justice qui regorge d’hommes et de femmes constituant l’un des rares ilots de résistance contre la vente effrénée des âmes au diable. « L’enquête a été bouclée le vendredi 13 septembre 2019 et la était obligatoire. Nous avons décidé de l’ouverture de cette information judiciaire et un juge d’instruction a été saisi. Et Bakary Togola a été immédiatement présenté au juge d’instruction, lequel, après avoir pris connaissance du dossier de la procédure, a décidé de le placer en détention provisoire. Le juge a décerné contre Bakary Togola un mandat de dépôt. Et depuis le vendredi 13 septembre 2019, Bakary Togola est en situation de détention provisoire au niveau de la Maison centrale d’arrêt de Bamako. » Ces propos du Procureur révèlent la gravité de la situation qui nécessite, si tant le Mali est encore une République, que lumière soit faite !

Alors, quel magistrat sérieux pourrait-il résister devant un dossier aussi bien ficelé et contenant des informations qui permettent une bonne distribution de la justice pour réparer les dommages causés à des milliers de paysans dont le produit de leur sueur a été englouti dans un système maffieux ? C’est aussi l’occasion pour la justice de porter un coup salutaire à la corruption et à la délinquance financière de plus en plus banalisées dans un pays où, malheureusement, le président de la République qui s’est autoproclamé chantre de la lutte contre la corruption a enregistré les plus gros scandales financiers de l’histoire du Mali. L’on comprend alors la diligence du parquet pour faire la lumière sur ce dossier, tout comme nous l’encourageons à en faire de même pour d’autres dossiers, pour lesquels on n’a même pas d’aller loin pour les instruire, tant le Bureau du vérificateur général et la section des Comptes de la Cour suprême ont produit un travail d’audit sans égal dans le Mali procédure nous a été transmise. Après en avoir pris connaissance et l’avoir sérieusement examinée, nous avons décidé de l’ouverture d’une information judiciaire. Car nous avons pu observer qu’il y a des présomptions de détournement de deniers publics sur la base de faux, usage de faux, soustraction frauduleuse, détournement et autres malversations. Le montant étant nettement supérieur aux 10 millions qui font de ces infractions des infractions criminelles, l’ouverture d’une information judiciaire indépendant. Nous voulons évidemment évoquer le dossier sur l’achat de l’avion présidentiel avec différents prix d’achat déclarés et celui du marché d’acquisition des équipements militaires attribué en gré à gré à Sidi Kagnassy à hauteur de près de 120 milliards de nos francs. Même les partenaires techniques et financiers du Mali s’étaient indignés de ces deux dossiers qui ont vidé les caisses du Trésor public malien.

C’est ainsi que des proches collaborateurs de Bakary Togola ont été interpellés. Il s’agit de Mpiè Doumbia, Drissa Traoré, Mamadou Fomba, Alou Dembélé et Soloba Mady Kéïta. Après audition, Soloba Mady Kéïta et Drissa Traoré ont rejoint Bakary Togola en prison sur la base d’un mandat de dépôt. Quant à Mpiè Doumbia, Mamadou Fomba et Mady Kéïta, ils ont été placés sous contrôle judiciaire.

Ils constituent donc les cinq des six suspects dont parlait le Procureur Kassogué lors de sa conférence de presse. Le sixième étant un député, cela demande une procédure particulière pour pouvoir l’entendre au vu de son immunité parlementaire. Mais ce n’est que le début du commencement, comme disent nos parents d’un pays voisin, tellement ce dossier réserve des surprises !

Le Sphinx Mali

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