Depuis toujours, les hommes partent à l’aventure pour gagner leur vie et subvenir aux besoins familiaux. La plupart entre eux épousent des femmes qu’ils laissent ensuite derrière eux pour de nombreuses raisons. Ces femmes qui restent au pays souffrent le martyre dans leur quotidien, mais cela passe presque inaperçu aux yeux de leur entourage.
Dans un contexte social marqué par la précarité et une difficile situation financière, nombreux sont ceux qui optent pour l’immigration. Aller explorer d’autres horizons pour un meilleur lendemain, tel est le choix, ou la contrainte, qui pousse certains à abandonner compagne ou conjoint. Une situation qui n’est pas souvent sans conséquences sur de nombreux couples, engendrant un lot d’incompréhensions, de frustrations, de violences psychologiques et j’en passe.
Des exemples, il n’en manque pas pour appuyer ces propos, puisque certaines femmes d’expatriés déclarent être au bord du gouffre. Elles sont prêtes à se confier, à narrer leur calvaire à la première oreille qui se tend à elles. Salimata Sylla est mariée depuis cinq ans à un homme qui vit en Italie et qui n’est plus revenu depuis la célébration de leur mariage. « Avoir son mari à l’autre bout du monde est une torture sans fin, de la tristesse, des tracasseries, de la solitude et surtout une frustration sexuelle qui pèse sur beaucoup d’entre nous », nous confie-telle. Mais le pire dans son histoire, selon elle, ce sont les fausses accusations dont elles sont couramment victimes. « Aux yeux de la belle famille et même de la société, nous sommes des arrivistes, des infidèles, des profiteuses, etc. Et face à ces dénigrements il arrive à certaines qui sont dans la même situation que moi de renoncer à leur homme, malgré l’amour qu’elles lui portent », se désole-t- elle.
En effet, le vécu, la réalité de ces dames, ne sont pas toujours compris par certaines belles-familles qui, à la moindre occasion, déversent leur venin sur elles, mettant ainsi de l’huile sur le feu et attisant la douleur de ces femmes délaissées par leurs partenaires se trouvant à des milliers de kilomètre d’elles.
À tort ou à raison, au lieu de soulager la femme en l’absence de son mari, ces familles ne sont plus préoccupées que par la richesse matérielle que leur fils pourra leur procurer. Et les belles-filles, considérées comme des obstacles, sont prises pour cibles et soumisses à une pression qui ne dit pas son nom. Face à de telles situations, certaines de ces femmes se terrent dans le mutisme et deviennent des êtres solitaires privés des besoins fondamentaux sous-entendus par le mariage. Elles sont privées de la présence leurs maris, sans aucune présence physique pour ressentir la chaleur et la douceur d’une femme comblée, aimée, choyée et adulée par un mari aimant.
Sont-elles obligées de supporter une trop longue absence ? Non, à en croire les religieux. « Dans la religion musulmane, le délai légal d’absence autorisé pour un couple varie de 3 à 6 mois, sans le respect duquel l’un des conjoints peut mettre fin au mariage s’il ne supporte pas l’absence de son partenaire », nous explique l’Imam Moussa Koné. Malgré cette autorisation, nombreuses sont celles qui supportent avec peine la situation et subissent la maltraitance de la belle-famille puisqu’elles ont scellé un accord avec leur mari.
Aly, un Malien habitant en France, ne cautionne pas le comportement de la famille ou celle de la société envers ces femmes, ayant lui aussi laissé son épouse derrière lui. « Je trouve inacceptable que nos familles mettent la pression sur nos épouses au pays. Elles ne doivent pas s’en mêler, car aucune d’entre elles ne connait l’engagement que leur fils a pris au début de son union ».
En dépit de témoignages poignants sur la frustration des épouses de maris restées trop longtemps loin d’eux et des échecs des alliances à distance, pour différentes raisons la pratique continue sous nos cieux. Le plus judicieux est de prendre conscience d’un tel engagement pour pouvoir en supporter les conséquences et y trouver son bonheur, un bonheur qui ne peut se faire sans l’implication du couple désirant maintenir sa relation malgré la distance.