Les tensions entre communautés du Centre du Mali ont décidément la vie plus dure qu’on ne l’imagine. En dépit de la lueur d’espoirs et les encourageants indices consécutifs à la visite du nouveau Premier ministre, les manœuvres de déstabilisation et de clivages intercommunautaires ne manquent point d’adeptes. Lesquels menacent d’annihiler de précieux acquis qu’éleveurs et agriculteurs commencent à savourer depuis la reprise sans heurts de leurs activités. En tout cas, la journée de ce mardi 3 Septembre pourrait être très décisive avec l’annonce d’une Grande Marche de protestation à Koro, un des bastions de Dan Nan Ambassagou.
Pendant que les observateurs sont de moins en moins perplexes
sur la promesses d’un retour à la stabilité, leur optimisme est ainsi démenti
par des tendances qui donnent de la voix, au détour d’une persistance des
attaques djihadistes. C’est ce qu’il ressort, en tout cas, d’un appel largement
diffusé sur les réseaux invitant les populations de Koro à prendre massivement
part à ladite marche populaire. À coups notamment de dénonciations qui
n’épargnent pas le Gouvernement que les initiateurs de la manifestation
accusent de remise en cause de la paix, sans doute parce que le désarmement des
chasseurs de Dan Nan Ambassagou est assimilé à un sevrage des populations d’un
précieux instrument défensif contre les assauts sporadiques. Toutes choses
perçues comme une injustice à l’égard d’une communauté Dogon, abreuvée de motifs
de protestation contre le désarmement des chasseurs traditionnels. Tout en
dénonçant par ailleurs l’immobilisme de l’armée malienne face aux “pillages des
villages et assassinats de civils”, les initiateurs de la marche de demain
mardi ne versent pas moins dans le repli identitaire, à en juger par la
stigmatisation de certains cadres peuls présentés comme des “chefs
djihadistes”. Il s’agit singulièrement de l’actuel conseiller spécial du
Premier ministre, Babali BA, qui s’est pourtant illustrée comme un acteur
central de la fumée au Centre.
Seulement voilà : la pyromanie ne semble guère ratisser dans les rangs des
communautés Dogons tout aussi éprouvés que les Peuls par les conséquences des
clivages et très peu réceptives à se laisser entraîner dans une autre aventure.
Au demeurant, une tentative de mobilisation pour la cause de Dan Nan
Ambassagou, la semaine dernière, n’a drainé que trop faiblement pour être
effective, «à cause de la perte progressive d’influence des chasseurs
traditionnels sur les populations», a confié un cadre Dogon interrogé sur le
sujet. Et d’expliquer, par la même occasion, que les réticences à embarquer
définitivement dans le bateau de la paix se justifient par l’attachement de
marginaux aux filons créés par le conflit.
Le Témoin